mardi 11 mai 2010

De Lima a la cordillera Blanca

Le 5 mai, dans l´apres-midi, nous posons nos bagages au ¨Barranco Backpacker¨, a Lima, un endroit comme on les aime. C´est le lieu ideal pour nous qui arrivons au Perou sans guide, ni carte, ni la moindre information. La, nous trouvons quelques guides a feuilleter et surtout des personnes accueillantes et possedant toutes les connaissances necessaires pour nous aider a organiser notre sejour. Ainsi, notre premiere apres-midi se passe dans le salon du Backpacker a tenter de faire un semblant de programme pour les trois petites semaines que nous consacrons a ce pays grand comme deux fois la France, et qui a a offrir aux visiteurs des montagnes grandioses, un bout d´Amazonie, de superbe villes Inca et le lac naviguable le plus haut du monde ou la lumiere est parait-il exceptionnelle. Bien sur, impossible de tout faire en trois semaines, nous devons faire des choix. La Cordillera Blanca, a 8 heures de bus au Nord de Lima n´est evidemment pas sur la route qui doit nous ramener a Santiago dans une poignee de semaines, mais nous ne pouvons resister a l´appel de ces sommets qui culminent a plus de 6000 m d´altitude. Nous reservons deux places pour le bus de nuit du lendemain, ce qui nous laisse une journee pour visiter Lima. En bord d´ocean Pacifique, cette capitale vit 5 mois de l´annee sous une bruine qu´on appelle ici ¨Garua¨. C´est dans ce brouillard charge d´humidite que nous arpentons ses rues, a la recherche de librairies d´occasion possedant quelques bouquins en Francais car notre reserve de lecture s´amenuise. Nous en profitons pour passer a l´Alliance Francaise afin de feuilleter quelques magazins bien de chez nous et nous tenir informes un minimum de l´actualite Francaise. Ceci tout en decouvrant cette capitale construite par les Conquistadors Espagnols et a laquelle il reste quelques tres belles places et batiments anciens ayant resiste aux differents seismes essuyes par la ville au cours des siecles. Bien sur, dans ce brouillard, il manque un peu de luminosite pour l´apprecier a sa juste valeur, mais apres avoir eu si chaud en Amerique Centrale, on apprecie de pouvoir marcher a la fraiche au coeur de ses quartiers les plus agreables et les plus surs, Miraflores, Barranco et le centre Historique. C´est a Lima, a l´occasion de nos deux premiers repas Peruviens que j´ai decouvert, a mes frais, la specialite culinaire locale, ¨l´Anticucho¨. Moi qui n´aime pas vraiment des abats, j´ai eu droit successivement a un enorme morceau de foie de boeuf et a un saute d´abats d´origine indefinie que nous croyons avoir identifie en une seule et unique bouchee comme du coeur de volaille. Ce jour la, notre dictionnaire Franco-Espagnol nous a manque et nous avons du nous fier aux recommendations de la serveuse qui n´avait rien de plus succulant sur son menu que cette specialite. J´ai, a chaque fois par contre, trouve le riz et le maïs exceptionnellement bon!! Une nuit de bus plus tard, nous arrivons a au petit matin a Huaraz, capitale de la Cordillera Blanca, a 3100 m d´altitude. On s´essouffle vite en montant les quelques escaliers de la ville. Nous allons avoir besoin d´un peu d´acclimatation a l´altitude si nous voulons pouvoir faire le fameux trek de ¨Santa Cruz¨, qui passe par un col a 4750 metres. C´est pourquoi, des le lendemain de notre arrivee, nous commencons notre acclimatation par une randonnee jusqu´a la Laguna Churrup, a 4485 metres. Dans notre premier minibus Peruvien qui nous mene au depart de la ballade, c´est le depaysement. Les femmes dans cette region portent haut sur la tete, et toujours un peu de biais, un chapeau haut de feutre, a la coupe masculine, ce qui cree avec le reste de leur tenue (jupe bouffante sur calecon, petit gilet sur chemisier brode et nattes de rigueur) un chouette ensemble. Les couleurs ne manquent pas, vives et gaies, elles sont associees sans retenue et en rayures, surtout dans le tissus que les femmes d´ici utilisent pour porter dans leur dos, sacs de legumes, objets divers, quand ce n´est pas un bebe....

La montee a la laguna, qui debute a 3500m, se fait dans la douleur, et surtout le souffle coupe par le manque d´oxygene. Les dernieres heures de grimpette, nous devons nous arreter tous les dix metres pour reprendre haleine, soulager nos maux de tetes, les vertiges et eblouissements qui rythment l´ascencion. Nos jambes sont faibles et nous montons les 1000 metres de denivele en 4 heures, soit environ deux fois moins vite que d´habitude. C´est le revers de l´altitude!! Mais, une fois arrives au but, nous savourons avec un plaisir surdimensionne notre pique-nique, pourtant bien simple, face au mont Churrup, qui nous domine du haut de ces 5500m. Face a ce decor grandiose, nous partageons notre repas avec un couple Quebecois tres sympa. Rendez-vous est donne pour le diner, une fois de retour a Huaraz mais, fatigues et genes par les maux de tetes, nous devons a contre coeur, annuler ce diner. A 20h, nous sommes au lit mais trop epuises pour trouver le sommeil, nous n´arrivons pas a nous reposer.
Cette mauvaise nuit tombe mal car nous partons a l´aube pour le trek tant attendu, le ¨Santa Cruz¨. Le jour de notre arrivee a Huaraz, nous avons du tout organiser: Engager a distance un muletier avec son ane de bat, faire des courses pour nourrir 3 personnes pendant 4 jours, acheter le permis d´entree au Parc National Huascaran sans oublier de reserver notre bus retour pour Lima. Nos sacs alourdis de victuailles, de couvertures supplementaire, d´une tente pour notre muletier, nous devons traverser la ville jusqu´au depart des mini-bus vers Caraz. Une fois a Caraz, toujours charges de plus de 20kg chacun, il nous faut encore marcher jusqu´au taxi collectivo pour rejoindre Cashapampa ou debute le Trek. Notre dos en prend un sacre coup. A cashapampa, nous faisons la connaissance de notre muletier, Alvarez, et de son ¨burro¨. Le temps d´attacher les sacs sur le dos de ce sympatique petit ane, je me fais devorer mollets et chevilles par une nuee d´insectes locaux. Apres les tiques du Costa Rica, les sandflys de Nouvelle-Zelande, les taons du lac Baïkal et les sangsues du Nepal, nous faisons a contre coeur la rencontre des ¨suceurs de sang¨version Peruvienne. Le temps de realiser, il est deja trop tard! Les boutons se comptent par dizaines. Ca commence bien!!!

Nous grimpons le long d´un torrent, dans une vallee encaissee un peu sombre car le soleil, ce jour la, ne daigne pas se montrer. L´acclimatation a la laguna Churrup a ete efficace et nous ne nous essoufflons pas trop. C´est heureux car nos redoutables insectes ne nous laissent pas de repit et nous devorent des que nous nous arretons pour souffer. Vers 15h, nous montons notre premier campement a 3800 m d´altitude. Il fait frisquet, la pluie tombe par intermittance mais l´endroit et tres beau et a l´avantage d´etre suffisemment haut pour ne pas etre habite par les suceurs de sang. Ouf!!

Pourtant, les ennuis ne font que commencer. Une fois de plus, la nuit sous la tente vire au cauchemard. Je crois devenir folle tant mes jambes me demangent. De son cote, Nico a le dos en compote, il s´est fait un tour de rein en montant la tente et craint d´etre completement coince au reveil. Le tout, evidemment, a 3800 metres d´altitude. Dormir sur un petit matelas 3 nuits consecutives dans ces conditions nous parait peu prudent et risquer le lumbago a 4800 m, guere raisonnable. Au petit matin, nous sortons deconfis de la nuit et decidons de faire demi-tour. Le temps toujours a la grisaille, nous aide a faire le choix difficile de renoncer a ce qui nous a fait venir jusque-la. Nous avons tout de meme de la chance! Nico, malgre sa douleur, reussit a marcher les 10km qui nous separent de Cashapampa. Entre temps, le soleil revenu nous permet de profiter un peu de la rando et de la beaute des paysages.

Le retour a Caraz se fait, pour Nico, allonge dans le coffre du taxi collectivo. Il faut encore qu´il sert les dents pendant les deux heures de minibus qui nous ramene a Huaraz ou, enfin, le confort d´un bon lit a l´Hospedaje Caroline et quelques repas servis au lit, le remettent d´aplomb au bout de deux jours.

Avant de quitter Huaraz ce soir, par le bus de 22h, nous avons pu profite une derniere fois des belles montagnes qui entourent la ville. La journee etait printaniere, la vue completement degagee. Depuis la Cordillera Negra ou nous marchions, nous pouvions appercevoir la majestueuse Cordillera Blanca, qui restera pour nous une forteresse infranchissable. Au moins pour cette fois!

Deux jour et deux nuits de bus nous attendent dans quelques heures pour rejoindre Cuzco, sur la route lac Titicaca. Une bonne douche, et on y va!
Camille, 11 mai 2010.

2 commentaires:

  1. Salut tous les deux!
    On ne trouve plus l'adresse mail, alors on passe par les commentaires. En lisant votre blog je suppose que vous êtes maintenant quelque part au Pérou. De notre coté, nous venons d'arriver en Bolivie, il y a quelques jours. Nous sommes passés par le Nord-Ouest de l'Argentine, puis le désert d'Atacama. Finalement, ravis d'avoir choisi ce chemin plutôt que la Patagonie. J'espère que tout ce passe bien pour vous, et peut-être que nous pourrons nous croiser à La Paz où l'on compte s'installer un petit moment, d'ici une bonne semaine environ.

    A bientôt
    Aurélie et Simon

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  2. De très beaux articles, de très belles photos... bref, un très beau blog !
    En souvenir de ces quelques heures passées en votre charmante compagnie, sur le bateau jusqu'à la Isla del Sol, puis au resto...
    Bonne fin de voyage à tous les deux et encore bravo pour votre blog !

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