Grandeur et miseres de Rajasthan

On nous avez prevenu! L'Inde, c'est chaud! Effectivement, dans les deux sens du terme, on peut dire que cette semaine dans le Rajhastan nous a tous les deux pas mal secoues !
Ici plus qu'ailleurs le pire cotoie le meilleur. Intense, forcement ! Forcement intense !
Nous avons fait le circuit classique des touristes, de Jaipur, la ville rose, son palais des vents et son fort sublime,

a Udaipur, l'Indigo, dominee par son imposante forteresse abritant la residence de generations de maharajas, veritable petit bijou de finesse,

en passant par Jodhpur, la Blanche, ses nombreux havelis, et autres palais gigantesques avec vue sur le lac. Au milieu des eaux, un diamant, le lake palace,

emfin par la plus discrete Bundi, son fort et ses remparts, et sa petite cite coloree, bondee de detritus (et oui, moins touristique, je vous disais....).

Dans chacune de ces villes indiennes, des palais, forts ou havelis de toute beaute, au luxe indecent, aux milles details charmants (pierres precieuses, scultures de marbre, mosaiques et or) regne la magie des contes des milles et une nuits... Plutot douce on dirait, la vie des Maharajas !

Mais au pied des forteresses de marbre la dure vie du peuple, la misere. Elle est partout, infinie, decourageante. Comme un film en boucle, elle se repete dans chaque ville que nous traversons, en devient agressive et parfois meme ( je sais, c'est horrible a dire) presque agacante... Salman Rushdie, dans ''Les enfants de minuit '' que je suis en train de lire ecrit a ce propos:
''Des enfants qui tirent sur son sari, des tetes partout, qui regardent ma mere, et elle
pense '' c'est comme etre entouree par un monstre terrible, une creature avec des tetes, des tetes, des tetes''. mais elle se reprend ''non pas un monstre bien sur ces pauvres gens.'' ''

C'est un peu ca qu'on ressent....

Les rues sont un immense defile de saris magnifiques, de rickshaws collants, de vendeurs insistants, d'etudiants en chemises se tenant pas la main, d'enfants aux yeux noircis de khol. C'est un tourbillon ou il fait bon se laisser emporter, les sens en eveil... Car si les klaxons des rickshaws et les ''Hello'' retentissent, remplissent nos oreilles, notre nez n'est pas en reste. Les odeurs sont variees et fortes: Odeurs de fritures des petits restos , parfum des fleurs coupees vendues en colliers odorants pour les divinites indouhistes, bouses de vaches fraiches et toute la palette des odeurs humaines jusqu'a cette terrible puanteur d'urinoir qui parfume regulierement les rues. Tiens ca me rappelle notre derniere nuit dans le train ou nous avons dormi tant bien que mal. 13 heures pour faire 400km et a chaque arret, une vague de chaleur etouffante (en seconde classe on voyage sans clim, les fenetres ouvertes) accompagnee d'une forte remontee d' odeur d'urine. Et des arrets, il y en avait tous les quarts d'heure environ. Hmmm la bonne nuit entasses a 8 dans un compartiment!

L'Inde, c'est l'aventure humaine, avec ces belles rencontres parfois. Lors d'un autre voyage en train, j'ai pu questionner a volonte un jeune Indien de Delhi, sur la place de la femme dans la societe, la coutume de la dote, les castes... D'apres lui, tout cela fait parti du passe de l'Inde, il prefererait d'ailleur avoir une fille plutot qu'un garcon (c'est aussi ce que nous ont repondu beaucoup de Chinois interroges la dessus.). Mais ce jeune homme etait il bien representatif de l'Inde? Issu d'une famille aisee, il a fait deux annees d'etudes a Nimes et est marie avec une prof de fac qui a un meilleur salaire que lui.

Une bonne surprise aussi a Jodhpur, on demande notre route a un Indien tenant une cantine ambulante. Comme il est bien sympa avec ces deux associes, on en profite pour s'assoir sur leurs petits bancs et goutter leur specialite : Une galette qui, plongee dans une poele a frire, devient ronde comme un ballon. Elle se deguste ensuite nappee d'une puree epicee de lentilles. Plutot bon. Notre note s'eleve a 20 roupis soit 30 centimes d'euros. Au moment de payer, tous les trois refusent categoriquement notre argent. C'est offert! On insiste, genes, mais c'est non. Beau geste... et surprenant dans cette jungle ou ces petits vendeurs tentent difficilement de survivre....

Comme ces rickshaws d'ailleurs...mais qui s'y prennent si mal.... Impossible de se balader tranquillement dans les rues Indiennes, sans arret on entend: ''Hello rickshaw? '' Tant et si bien que devient comme ces poupees qui font non non non!!! C'est usant a force! On a meme vu des touristes avec des t-shirt ou l'on peut lire '' no rickshaw, no money, no change, no room...'' Il parait que ca marche assez bien.

Bon il y a tant de chose a dire sur l'Inde... Enfin on se sent loin!

Une petite anecdote pour finir. Apres plusieurs heures penibles de train nous arrivons a 21h a Jaipur... Et la, en voulant dechirer une etiquette avec mes dents, je recasse ma dent de devant; le petit morceau qui avait ete colle il y a 23 ans a la bonne idee de tomber ici, au fin fon de l'Inde, a ce moment precis, dans cette ville que nous n' avons vu que de nuit et qui nous a paru un grand cafarnaum. Que faire? Nico parle deja de rependre le train dans l'autre sens pour me faire soigner a Delhi... Pas de panique le lendemain matin sons les conseils de l'ambassade de France nous allons dans une clinique privee de Jaipur. On me prend en charge immediatement, et pour 2000 roupies je retrouve le sourire. Rassurant ...pour la suite... avec de l'argent en Inde, tout est possible....Malheureusement, une majorite ici n'en a pas.

Camille, le 3 septembre 2009