samedi 5 septembre 2009

Agra. Grandeur et detritus.

L'arrivee en train a Agra nous a progressivement mis dans le bain.
Pour commencer, alors que le jour se leve a peine, et que nous laissons derriere nous la campagne pour atteindre les faubourgs de la ville, nous regardons en revant le paysage qui s'etire, de plus en plus urbanise et peuple. On en voit d'abord un, puis un second et bientot ils sont des dizaines, alignes les uns a cote des autres, accroupis, les fesses nues, tout le long des rails. A trois metres du train qui passe lentement devant eux (dois-je vous rappeler: 30km/h de moyenne et en cour de freinage car nous sommes sur le point d'arriver), ils font leurs besoins presque coude contre coude tout en nous regardant passer. Des femmes aussi, jupes relevees et foulards sur la tete... La nuit dans le train a ete difficile pour nous, et la, a peine reveilles, on a comme l'impression de toucher le fond.

Ce qui nous frappe aussi, ce sont ces tas de detritus qui separent le rail des premieres habitations, et qui s'etirent sur des kilometres, jusqu'a notre arrivee a la gare d'Agra, situee a moins de 3km du fameux Taj Mahal. C'est la premiere fois que nous voyons une ville aussi sale. Pourtant son celebre mausolee est le site touristique qui attire le plus de monde. On comprendra plus tard: Agra souffre d'une reputation (non usurpee) qui ne donne pas envie d'y trainer trop longtemps: Arnaques diverses et variees, sollicitations incessantes des rickshaws et faux guides ont fait fuir les touristes qui font l'aller retour dans la journee depuis Delhi sans passer par la case hotel. Agra n'est donc pas une ville enrichie par les touristes meme si la visite du Taj Mahal est tres chere (750 roupies pour les touristes et 10 roupies pour les Indiens). Evidemment c'est sublime. Aerien, elegant, tout de marbre blanc il frappe le regard des le passage du porche... La legende concernant sa construction est tout aussi adorable. Nous sommes au 17eme siecle. Shah Jahan empereur Moghol pleure son epouse adoree, et veut faire construire un mausolee en memoire de sa beaute legendaire. Il convoque le meilleur architecte Perse de l'epoque et tue son epouse. Methode qui peut paraitre un peu radicale, mais methode efficace. Ressentant alors la meme douleur que le sultant jusque la incompris, l'architecte fut capable d'imaginer le Taj Mahal.
Des la sortie de l'enceinte si reposante du mausolee, c'est l'assaut: Rickshaws et vendeurs nous pressent de tous cotes. Il fait plus de 40 degres, on a mal dormi... Nous fuyons lachement pour trouver refuge au bord de la piscine d'un hotel un peu cossu ou nous resterons toute l'apres-midi, appreciant notre chance de pouvoir nous offrir un tel moment de quietude. Mais pour atteindre ce havre de paix, quelles rues nous avons traversees!!! Sur les cotes, tout le long des avenues , les dechets s'accumulent. Nous qui jetons consciencieusement nos detritus dans les poubelles des hotels, nous realisons qu'il n'existe pas de systeme de ramassage d'ordures et que nos dechets doivent finir leurs courses ici, avec les autres. Ce qui semble faire le bonheur des enfants qui, pieds nus dans la boue, jouent, pataugeant dans le jus des poubelles.

On est loin de la celebre carte postale du Taj Mahal.
Camille le 5 septembre 2009

1 commentaire:

  1. Ce qui est super fort avec vous, c'est que vous nous montrez l'envers du décors.
    Une ville sans ramassage d'ordures, je ne pensais pas que ça pouvait exister.
    En même temps je suis une fille plutôt naïve, mais bon quand même !!! Sans ramassage d'ordures !!!

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