mardi 27 avril 2010

Un grand bol de nature au Costa Rica

Comme l´a tres bien dit Nicolas Bouvier dans son essai, L´usage du monde : "Certains pensent qu´ils font un voyage, en fait, c´est le voyage qui vous fait ou vous defait..." Depuis quelques semaines, on a l´impression que le voyage nous defait plus qu´il nous fait. Serions nous fatigues? Trop exigeants? Un peu blazes? Surement un peu tout ca... Mais la memoire est ainsi faite que les pires galeres rencontrees deviennent souvent, des qu´elles sont passees, les meilleurs souvenirs. Nous ne regretterons donc pas l´experience du Costa Rica et la decouverte du parc Corcovado. L´histoire commence a Puerto Jimenez, aux portes de la jungle, dernier bastion du monde civilise de la peninsule de Osa. Nous arrivons la harrasses, apres 8 heures de bus. Le matin meme nous quittions Dominical, village balneaire du Pacifique, par le bus de 4h du matin. Je vous passe l´heure passee sur un banc, dans la nuit, a attendre que le chauffeur daigne bien arriver, la peau qui colle aux sieges plastifies, les coups de suees et le manque d´air...
A Puerto Jimenez, sous des airs civilises, c´est une veritable jungle administrative dans laquelle nous devons nous debattre pour organiser notre petite excursion de 2 jours dans le parc Corcovado, les bureaux nous renvoyant de l´un a l´autre, nous faisant ainsi visiter la ville (qui n´a guere d´interet), sous le soleil qui, a midi, cogne ici severement! Enfin, les autorisations reunies, une ultime epreuvenous attend: 2h30 de transport pour rejoindre l´entree du parc situee a Carate, a une cinquantaine de kilometres de la. On cherche le bus... on est pourtant certain d´etre dans la bonne rue mais nous ne le voyons pas.

-"c´est bien ici le bus de 13h30 pour Corcovado?"

-"oui c´est la..." et de nous designer du doigt un camion bache de bleu...

-"Euh... le camion a bestiaux la??... hmmm,..." Corcovado ca se merite, mais ca vaut le coup! De la descente du camion, il nous reste 4 kilometres a parcourir a pied sur une plage deserte. Tres sauvage en cette fin de journee, nous ne la partageons qu´avec des dizaines de aras, ces perroquets multicolores qui vivent en couple dans ces cocotiers.

De bonnes vagues nous decrassent de la poussiere et de la sueur qui nous collent a la peau depuis ce matin. Cet endroit nous comble... jusqu´au moment d´aller dormir.... On inaugure une premiere tournee d´une longue serie de nouilles chinoises avant d´aller nous coucher. La gardienne du parc nous a recommande de partir des 5h du matin afin de ne pas nous retrouver coinces par la maree montante et pouvoir traverser embouchures de rivieres et plages sans trop de difficultes. Nous avons 20 kilometres a faire pour rejoindre Sirena, notre prochaine etape. Contrairement a la veille, le reveil ce matin la est une delivrance. La nuit a ete un enfer tropical. Entrecoupee de nombreuses douches censees nous rafraichir et dont nous ne sechons pas pour prolonger leur effet, elle se terminera dans une veritable tente-etuve et nous avons l´impression assez desagreable de cuire a la vapeur... Cuire a l´interieur ou etre devores par les moustiques a l´exterieur, le choix est cornelien! ... Au petit matin, nous quittons donc sans regret notre hammam pour la touffeur de la jungle. L´air sature d´humidite et l´absence du moindre petit souffle de vent n´aident pas nos vetements a secher.. Quelques averses tropicales finissent de prolonger cette sensation de moiteur qui semble alors ne devoir jamais nous quitter. Surtout qu´on est parti leger, et qu´on n´a evidemment aucun vetement de rechange .. Comme dirait Louisa, une Americaine rencontree ce soir la a Sirena, on se sent tout "sticky"! Inutile de savoir parler anglais pour comprendre. Mais nous venions de la jungle avec la sensation d´avoir vraiment vecu quelque chose ... Decouvrir cette densite unique de vie, vegetale et animale, ses sons etranges, ses cris d´animaux inconnus! Sous la pluie en plus, ce qui accentuait encore l´impression de bout du monde. Nous voici devenus par la force des choses de -plus ou moins- courageux aventuriers. Serpents, araignees, fourmis... meme les tiques sont devenus nos compagnons d´aventure! Hostile la nature! Perdus dans cette immensite grouillante de dangers, nous avons une petite pensee pour l´intrepide Mike Horn qui a traverse l´Amazonie en suivant la ligne de l´equateur et tracant son chemin dans la jungle a coups de machette... Seul, en autonomie complete, se nourrissant de sa chasse...Quel courage! Chapeau Mr Horn! Corcovado c´est un peu pour nous l´Amazonie, sauf que les chemins sont deja traces, que l´on croise parfois quelques pelerins armes non pas de machettes mais d´appareils photo et que, a Sirena, nous attend un bon repas sans que nous soyons obliges de tuer le moindre singe! Ce qui nous arrange bien! Pour le reste, meme combat! Traverser des rivieres, de l´eau jusqu´a la poitrine, on connait! Et ce ne sont pas quelques crocodiles qui vont nous arreter! Guetter le mouvement des singes dans les arbres, esquiver les toiles d´araignees geantes, eviter ne marcher sur un serpent, s´enlever mutuellement les tiques en tournant bien dans le sens des aiguilles d´une montre pour ne pas leurs arracher la tete, on maitrise! Et etre recompenses de tout ca par le spectacle du vol des toucans ou des pelicans surfant les vagues, on apprecie! Ce monde hostile qu´est la nature non domptee par l´homme nous pousse a l´instinct de survie et donc a reflexion. Ainsi Nicolas parvient a transformer notre tente-hammam et moustiquaire legere et aeree. Quel progres! La nuit a Sirena est ainsi bien meilleure.



A Sirena, notre base au centre de la jungle, pas besoin de reveil, le hurlement des singes et les chants des aras sont la pour nous indiquer que le jour se leve. Le chemin de retour se fait sous le soleil et deja la jungle, moins sombre, nous parait plus accueillante. Les animaux semblent aussi profiter de l´eclaicie et nous les voyons beaucoup mieux. Les plages que nous traversons nous apparaissent aussi dans toute leur spendeur. Par contre, ayant de ce fait un peu traine, la maree nous rattrape et il faut abandonner l´idee d´avoir bientot les pieds secs. Peu importe apres tout, il sont mouilles depuis 48h, ils ne sont pas a quelques heures pres.
6 heures de marche et nous ressortons de la jungle epuises mais des sensations plein la tete et des images plein les yeux. Ici, nous n´avons pas seulement teste nos limites mais aussi celles de notre appareil photo qui n´a malheureusement pas ete a la hauteur de l´evenement avec son zoom rikiki. Dommage! C´est pourquoi nous nous sommes exceptionnellement permis de glisser quelques photo qui ne sont pas de nous et que vous avez du reconnaitre aisement.

Corcovado est un must, mais nous avons passe au Costa Rica d´autres bons moments, notamment au parc Manuel Antonio, ou nous avons pu serrer la main des singes capucins, decouvrir un arbre aussi barbu que Nico, partager un bout de plage avec quelques iguanes, et craner avec nos tongs toutes neuves...Et puis le Costa Rica , c´est aussi une grande nouvelle! Arrives depuis quelques heures a Liberia notre premiere etape Costa Ricaine, j´apprends avec emotion la naissance de ma petite niece, Lise, qui est nee le 18 Aout. Bravo ma soeur et bienvenue a Lise. Dans deux petits mois, je te serrerai dans mes bras...Mais en attendant, a nous les Caraibes!!!

Camille, le 27 Avril 2010.

1 commentaire:

  1. ouch, dur dur le bus...
    votre maison va vous paraitre tellememt douillette après tout cela...!!
    En tout cas, la notre esttoujours ouverte!
    A bientôt,
    Alan & Eve

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