mercredi 23 septembre 2009

Nepal : Quinze jours de trek autour des Annapurnas.

Prives de randonnees en Chine et en Inde, nous avions hate de ressortir les batons de marche. Notre sejour au Nepal tombait a pic. Ce tout petit pays qui possede pas moins de 6 des 10 plus hauts sommets de monde est, c'est bien connu, un veritable paradis pour les marcheurs.
Arrives a Pokhara un peu tot dans la saison (mousson prevue jusqu'a fin septembre), nous avons choisi neanmoins de partir au plus vite randonner autour des Annapurnas.
Contre 2000 roupies, on nous remet un permis et le profil du parcours que nous souhaitons faire. Le manque d'entrainement en tete et ce profil sous les yeux, ce trek nous impressionne.


Au programme, plus de 230 km et 8000 metres de denivele positif. Nous nous connaissons relativement resistants et aguerris a la marche, mais deux interrogations demeurent. Comment allons nous apprehender la longueur de ce trek prevu sur plus de 2 semaines et surtout comment allons nous reagir a l'altitude, le jour du passage du fameux Thorung-Pass, col situe a plus de 5400m. Pour mettre toutes les chances de notre cote, et pour en apprendre un peu plus du Nepal, on nous conseille un guide-porteur. Ce sera Manog (prononcer Monos, comme la celebre boite de nuit clermontoise.) Au dela de son prenom qui m'a tout de suite plu, ce jeune homme de 21 ans, parlant tres bien anglais, nous a seduit. Pour l'equivalent de deux bouteilles de whisky achetes dans cette meme discotheque, il vous guide, vous explique plein de trucs et charrie la majeur partie de vos bagages pendant 15 jours. Bon deal.
Nous debutons notre trek depuis le village de Bhulbhule, qui a 840 metres d'altitude nous offre un paysage tropical, avec ses rizieres en terrasse et sa vegetation luxuriente, alimentee en eau par de nombreuses cascades et sources. L'atmosphere humide est bien presente, ainsi que les moustiques et les sangsues.


Il faudra passer les 2000m d'altitude pour laisser derriere nous cette dense vegetation et trouver quelques belles forets de coniferes et quelques champs de cereales. Nous empruntons la seule voie de communication qui relie les differents villages. Mis a part les quelques aliments de base issus de culture locale, tout ici est achemine a dos d' hommes ou de mulets. Ces porteurs, chausses de simples tongs, charrient, suspendu a leur front, jusqu'a 80 kg de denrhees. Pour Manang, situe a 5 jours de marche, ils sont payer 180 roupies (1,70 euros) par kilogramme. Ils ne mettent que deux jours a redescendre les 80 km de sentier avec en poche plus de 10000 roupies. Cette petite fortune ici permet de nourrir une famille pendant plusieurs mois, mais a quel prix? Tout le monde s'accorde a dire ici, que dans ces metiers de forcats, on ne vit pas tres vieux.
Nous nous enfoncons de plus en plus dans ces Annapurnas, traversant des villages comme sortis du moyen-age.
Au 4eme jour, nous tombons nez a nez avec l'Annapurna II qui culmine a 7937 m. On reste scotches.
Le soir meme nous dormons deja a plus de 3300m d'altiitude, sans rellement en avoir conscience. Pas encore genes par le manque d'oxygene, nous sommes toujours entoures de champs cultives, alors qu'a nos latitudes metropolitaines, nous n'aurions deja plus un arbre et seule une vegetation rase resisterait.
A Manang, 3600 m, nous faisons une escale de deux jours pour nous acclimater a l'altitude. Pour cela, en plus d'une cure quotidienne de soupe a l'ail preconisee par les locaux, nous montons a un monastere situe a 3900m ou Camille recoit contre 100 roupies, la benediction d' un business-moine pour la bonne poursuite de son trek.


De la haut nous dominons la vallee de Manang avec une vue superbe sur le glacier Gangapurna, au dessus, dans les nuages l'Annapurna III et en dessous son joli lac turquoise.
Le lendemain, le refuge de Letdar nous accueille dans un environnement beaucoup plus mineral. A 4200m, seuls quelques chevres et yaks arrachent du sol une herbe rase. Ici, il n'y a plus de culture, et les guesthouses disparraissent, remplacees par des refuges ou il n'y a plus de douche. La montagne change de visage et se fait plus dure. Nous commencons serieusement a etre genes par l'altitude, le souffle court bien que nous montons lentement. Cette nuit la, Camille dort deja et je ne trouve pas le sommeil. J'ai l'impression que mon cerveau manque d'espace dans mon crane, l'angoisse monte avec ses idees noires... Pour calmer ces signes du mal des montagnes heureusement il y a le diamox que nous avions prevu. Ca promet pour la suite, nous sommes a plus de 1200m du sommet!!!
Nous passons notre derniere nuit avant le col du Thorung-pass, a High-Camp, 4850m d'altitude.
Ce refuge glauque dans une nature desoeuvree et minerale accentue la sensation de survie dans laquelle on se trouve, et la presion monte avec la nuit qui vient et que nous apprehendons.

Finalement on ne dort pas si mal en haut du Mont Blanc! A5h30 du matin nous sommes d'attaque, souffrant seulement d'un leger mal de tete, pour garvir les 600m de denivele et atteindre en 2 heures le point culminant de ce trek, tant attendu et tant redoute. Il gele et notre progression est lente dans cette environnement lunaire. Pourtant nous sommes a bout de souffle. J'ai l'impression de porter un scaphandre de plomb qui leste chacun de mes gestes. L'arrivee a 5416m est vecu comme une immense fierte et une veritable delivrance que nous partageons avec tous les marcheurs rencontres tout le long du parcours, Israeliens, Irlandais, Chinois, et Maki notre copine roumaine. On ne traine pas dans le coin, on ne lezarde pas longtemps a ces altitudes. Juste le temps de boire un the chaud (et oui, on trouve un type qui fait du the a cette altitude....), et d'immortaliser le moment, et nous redescendons a Muktinath, 1600 metres plus bas.
La vallee que nous parcourons ensuite pendant 3 jours offre un paysage desertique vraiment different de ceux rencontres precedemment. Le vent de face qui balaie ce desert poussierreux est une veritable torture. Nous pensions recharger les batteries dans la descente mais ce vent usant ne nous laisse aucun repis.
A 1200 m d'altitude, au village de Tatopani la vallee est redevenue verdoyante. Dans les bassins naturels d'eau chaude, nous retrouvons une fois de plus tous nos compagnons de marche, pour un delicieux moment de detente apres l'effort.
A croire qu'on n'a pas eu notre dose! Pour s'offrir un lever de soleil sur les Annapurnas du sommet du Poon-hill, 3200m d'altitude, nous devons regrimper a nouveau, et en une seule journee, pres de 1900 m de denivele. La fatigue accumulee pendant 12 jours est pesante et Camille craque a quelques minutes de l'arrivee a Ghorepani....Il est temps que ce trek touche a sa fin. Le lendemain matin, l'assencion du Poon-hill se fait de nuit, mais malheureusement pour nous le ciel reste en parti nuageux. Nous sommes recompenses le dernier jour, au village de Gandruk ou enfin se decouvre AnnapurnaI (8091m) et south Annapurna.

Enfin, apres 15 jours de marche, nous atteignons Nayapul ou notre tour des Annapurnas se termine sur le toit d'un bus pour rejoindre Pokhara.
Bien qu'eprouvant ce trek magnifique nous laissera un souvenir memorable, et restera surement une etape phare de notre tour du monde.
Pour finir un grand merci a notre guide Manog qui a tout fait pour nous faciliter ce trek. Si l'aventure vous dit, on vous le conseille. ( email: Manog21pkr.nep@hotmail.com. Mobile : 98 06 57 99 02 ).

Nico, le 24 Septembre 2009.

5 commentaires:

  1. "Business-moine" J'ADOREEEEEEEE ! Nico tu nous manques !
    Cure de soupe à l'ail pendant 2 jours ... bonjour l'haleine de chacal !
    Gros bisous à vous 2

    RépondreSupprimer
  2. Quelle aventure, mais quelle aventure ! C'est dingue !!!
    Vous n'aurez jamais assez de temps, ni les mots pour nous en parler.
    Bisous

    RépondreSupprimer
  3. Incroyable ce périple! Vous nous faîtes rêver!!

    RépondreSupprimer
  4. Tu parles, moi aussi après 2 bouteilles au Monos j'aurais pu grimper n'importe quoi, j'aurais eu l'impression d'avoir la tête qui explose avant de m'endormir !!!!!!

    RépondreSupprimer
  5. C'est fou, magnifique,c'est sûr, vous nous faites rêver, continuez, on vous suit!et en plus d'un contenu qui tient en haleine, ce blog est super bien écrit...

    RépondreSupprimer