mercredi 22 juillet 2009

Deux jours dans une famille nomade

Lorsque notre bus s’arrete au bord de la route, a proximite de dunes de sable et d’une plaine parsemee de yourtes, on se sent un peu perdus… Nous sommes censes attendre le proprietaire de la yourte ou nous devons passer deux nuits, mais nous n’avons aucun renseignement le concernant, meme pas son nom. Alors, quand un homme nous propose (afin c’est ce que l’on croit comprendre) de nous abriter dans sa yourte car il commence a pleuvoir, on le suit, pas tres fiers. A l’interieur, il nous laisse seul avec son fils de 6 ans avec lequel j’essaie de communiquer a l’aide de dessins , quand une femme penetre dans la yourte, un bebe dans les bras. Apres moult gestes, dessins et charabia, nous finissons par la suivre. A priori, c’est chez elle qu’on va.



Comme c’est l’heure de la traite, nous nous retrouvons rapidement dans l’enclos, avec chevres et brebis et je tente d’extraire, moi aussi, un peu de lait de leurs pis. C’est laborieux mais ma maladresse ne semble pas vraiment les etonner!!! D’autres touristes ont du essuyer les platres pour moi.



Nous avons tout de meme droit au retour de la traite a notre premier bol de ‘’Mongol Tea’’, un mélange chaud d’eau et de lait ou quelques herbes aromatiques ont infuse. Des petit morceaux de fromage sec et extremement durs (kurt) nous sont offert en guise d’aperitif.

Enfin, quand toute la famille est reunie, nous mangeons tous ensemble, assis par terre sur des tapis. La famille est composee de’’ Chimigai’’, son mari ‘’Sec’’ et de leurs deux enfants. Dans l’ autre yourte vivent sa petite soeur , son mari et leur petit garcon.


Le lendemain matin nous prenons notre petit dejeuner puis passons un moment avec nos hotes. Nous partions nous balader quand ‘’Chimigai’’ nous rappelle: on ne peut pas partir sans avoir dans l’estomac un peu de lait chaud de brebis ! On revient donc manger aussi le petit lait caille sur du pain, le ‘’Kaynac’’. Impossible pour moi de digerer ce petit dejeuner supplementaire! Au milieu de la steppe, je suis obligee de vomir pour me sentir mieux… Marcher dans ces grands espaces nous ennivre. C’est tres beau et vert, comme j’aime. On revient sous la pluie et le vent en ramassant du bois sec que l’on ramene pour le feu. ‘’Chimigai’’ nous prepare un mélange de fromage frais, de fromage sec en petit morceaux et de sucre… C’est bon en tartine. Nous lui offrons des pates chinoises et le saucisson qu’elle adore. Quand les hommes reviennent nous sommes convies a prendre avec eux et leurs amis l’apero local: nous gouttons donc l’ ’’Airag’’, le fameux (et redoute) lait de juments fermente dont les Mongols raffolent. Ce n’est pas si mauvais finalement, en alternance avec la Vodka. Eux aussi ont des jeux a boire. Ce sont des jeux de doigts que l’on ne comprend pas vraiment, mais parfois pourtant on gagne. On leur apprend a notre tour le jeu ‘’pierre feuille ciseaux’’, Nico pousse meme la chansonnette et s'exerce a la lutte Mongole.


On partage avec eux un plat de pates fraiches dont j’ai participe a la confection, mélangees avec des pommes de terre et de la viande de mouton sechee dont l’odeur rance est formidable.


Il pleut de nouveau et le soir tombe quand on prend la route avec eux sans savoir ou ils nous emmenent. On est 7 dans la voiture et l’ambiance est detendue par l’ alcool. On s’arrete tout d’abord pour prendre du bois sec, et un peu plus loin pour acheter de la Vodka dans une boutique ou l’on vient tout juste d’egorger une chevre; la tete est encore sur le sol, les morceaux de viande poses sur la table et l’odeur tenace malgres les derniers coups de serpillere que l’on passe.
Apres avoir roule dans la steppe, traverse des rivieres, nous decouvrons notre destination finale: La yourte des parents de ‘’Chimigai’’… Toute la Famille est la. Une chevre est prelevee du troupeau et ramenee a proximite de la yourte, mais la famille alors nous oblige a rentrer. Il ne veulent pas que l’on voit. La soeur cadette a 17 ans et parle un peu Anglais. Lorsque l’on sort enfin avec elle, la chevre est en train d’etre deshabilllee de sa peau. On suit notre guide ‘’Anglophone’’ pour assister a la traite des juments. Au retour la chevre est depecee. Dans la yourte le parfum a change. Les deux femmes les plus agees sont en train de vider et de laver trippes et boyaux. Moi qui revais d’un bon gigot, je crains a present ce qui va se passer. Sur le poele, les abats cuisent tous ensemble dans une grande marmite, l’odeur alors devient plus forte. Pendant que le plat mijote et que les quartiers de viande sechent a proximite de nous, les hommes boivent toujours ‘’Airag’’ et Vodka. On se sent vraiment tres loin. Malgres l’aprehension du repas qui s’annonce, malgres l’odeur qui devient obsedante, c’est un grand moment de bonheur et nous savons la chance que nous avons d’etre la, de voir ca, de partager un tel moment avec cette famille. Afin le repas est prêt. Heureusement pour moi la famille n’insiste pas pour que je goute de tout. Je mangerais seulement un petit morceau de boudin dans l’assiette de Nico que celui ci a courageusement accepte. Le plat passe de groupe en groupe selon un ordre bien précis. Enfin tout le monde se leve en meme temps, salue et remercie. Nous reprenons la piste sous la pluie. Notre compagnons de route, ivre, reprend ses chansons en hurlant. Je me sens videe, extenuee de toutes ces rencontres, de toutes ces emotions et de l’etat de vigilance que tout cela necessite. Mais quels souvenirs!



Camille, le 22 juillet 2009.

1 commentaire:

  1. Fantastique récit ! Quelle épopée !!! Merci de nous faire partager tout ça.
    Dam

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